Sans qu’on y prenne garde, Laure Sorasso nous emmène avec beaucoup de délicatesse vers… l’éternité. Peu à peu, par des allusions légères, puis des répétitions étranges, des mots plus explicites, l’autrice nous accompagne vers la réalité de son personnage qu’elle ne saura elle-même qu’à la fin du livre. Il lui faudra revisiter la maison et le jardin, réceptacles de tant de souvenirs inscrits dans les murs, dans l’espace, pour accéder au tout dernier.
Dans le quotidien et la répétition des gestes – fermer, ouvrir les volets pour se protéger du soleil, laisser entrer la fraîcheur de la nuit, préparer les lits, les chambres pour recevoir les enfants –, elle laisse divaguer ses pensées. D’autres souvenirs surgissent : lorsqu’elle était petite fille, sur la route vers la mer, les voisins, le village. De jolis prétextes pour tirer le récit hors d’un huis clos ou d’une introspection trop fermée. Surgissent alors des réflexions sur le temps qui passe, la vie des autres, celle d’aujourd’hui et celle d’avant, la sienne, les odeurs des corps, les rituels de bains… tandis que le soleil chauffe toujours plus fort et que la canicule s’installe.
Dans ce roman, comme dans Les guerrières, édité en 2018, la narratrice semble être le personnage principal. Elle parle, raconte, se raconte. Mais, loin d’être une autofiction, une histoire se déroule, une histoire qui raconte aussi les autres, nous. Elle nous concerne tous et, sous la plume de Laure Sorasso, elle prend une allure de belle éternité.
Un été infini
Laure Sorasso
Collection Main de femme
Parution : 25 mars 2021
160 pages