« Je déniche, dans ce regard gris cendré, les vagues déferlantes d’un romantisme étouffé, des amours de violettes et des mots bien posés. Je sens, presque au bout de mes doigts, un amour interdit, enfoui, balayé. »
Patricia Bouchet, dans Une araignée dans le rétroviseur, réussit le tour de force de raconter l’innommable sans qu’il devienne le seul intérêt de ce livre. La démarche de reconstruction de son personnage, la visite de la maison, la promenade dans la campagne sont plus fortes. Il n’est pas question d’oubli. Il est question d’acceptation de soi, entièrement, de son histoire et de vie.
D’une écriture précise, Patricia Bouchet crée des images. Le lecteur « voit », avec de multiples détails, la maison blanche, les paysages traversés, le platane dans le jardin, la main qui s’avance… Comme une succession de photographies écrites.
Une araignée dans le rétroviseur, c’est aussi une écriture poétique au service des sens et du sens. Pour dire sans submerger, avec délicatesse. Ce « petit livre » s’adresse à tous, femmes et hommes, filles et garçons.
«Assise sur la première marche de l’escalier de bois, j’entends à nouveau des rires, des ébats dans l’eau glaciale, j’entends les cris de joie et de frayeur. Je laisse, peu à peu, s’échapper de mon corps les secousses d’un fou rire. Il grandit et l’enfance enfermée explose en plein jour.»