Une femme, que l’on devine enseignante, attend son départ en vacances. L’été est là, qui sera entrecoupé d’arrivées, de départs, les enfants, le mari. UN été infini qui nous entraîne dans une situation intrigante.
La narratrice arrive dans la maison familiale de nuit, seule. Une déambulation commence dans cette demeure. Dans les rituels qu’elle opère, dans les réflexions qu’elle se fait, dans les manquements dont elle s’étonne, très vite, le lecteur est interpelé. Ce questionnement perdure tout au long du récit dans cette étrangeté. Des incohérences pour cette femme qui retrouve un lieu connu. Ses chats qui ne reviennent pas, des gestes qu’elle fait et qu’elle ne termine pas, des sensations physiques qui l’interrogent, ses parents qui devraient être là et qui ne le sont pas et, sans cesse, des portes, des fenêtres, des volets. Elle visite, revisite, placards, chambres, erre et perd parfois la notion du temps. Elle se souvient, entame des monologues intérieurs puis se perd au cœur de la maison, comme une mémoire qui s’effacerait, comme un léger décalage qui s’opérerait.
La construction de ce roman apporte toute l’originalité au récit. Des répétitions, parfois comme une ritournelle. Laure Sorasso sème délicieusement des détails, des bribes qui engendrent l’interrogation et suscitent l’envie de comprendre de quoi il en retourne. Avec son ton aiguisé et tenu, Laure Sorasso détient une petite mécanique qui lui donne tout son style.
J’aime le « bruit » que fait ce roman. Cette ritournelle qui déraille.
Coup de cœur.
Patricia Bouchet