Commère, on vente pas tous du même vent !
Maria Borrély, Sous le vent, 1930, aux éditions Parole.
Dans une ferme de la montagne de Lure, Marie est heureuse auprès des siens. Elle est belle, elle est jeune, elle est rayonnante, mais un jour elle croise le chemin d’Olivier. Ils s’embrassent et puis il s’en va. Alors tout va mal.
– Il s’en passe dans le monde.
– Plus que dans une courge.
C’est le roman d’une passion malheureuse, d’une femme qui se meurt d’amour, qui découvre, après une étincelle, qu’elle ne veut pas de cette vie dans le village, ménage et travaux des champs, où les femmes sont assujetties à la maison. C’est aussi le roman d’un pays comme l’on dit, avec sa langue, sa nourriture, ses pierres, ses plantes, un pays disparu. Un village où rien ne va plus, les maisons tombent en ruine, car les habitants sont partis, le sol est sec parce que l’on arrache les arbres pour cultiver la terre.
Une rafale mourait sur les confins de la plaine. L’instant d’après, il l’avait pris sur un autre ton. C’étaient des râles courts, rapprochés, comme ceux d’une horde féroce, carnassière.
On s’amusait de sa façon d’enrager.
C’est un roman beau et tragique, plus sombre que d’autres, poétique et ancré dans le concret et la vie quotidienne d’une ferme (les amandes, les olives, le blé, la céramique de Moustiers…). Le vent est une image des tourments de l’âme, des angoisses qui vous saisissent la nuit, des inquiétudes et des questions sans réponse. C’est le mistral, le vent qui rend fou.
On a des tournures de langage, celles des paysans. Mais la langue n’est pas réaliste. Borrély a fait le travail pour la rendre plus poétique, plus imagée, plus sobre – plus taiseuse – qu’elle n’est en réalité. Elle recrée un monde de poésie qui a sa profondeur et son destin.
Elles étaient dans leur bien, mauvais terrain pendant, à la terre blanchâtre, plantée d’une centaine de pieds d’oliviers.
Ce sont de petits arbres ramassés, puissants, et vieux et vieux. Les souches noires en sont cagneuses, crevassées. Les dures racines ondulées, soudées, font éclater la volonté de vivre.
Ils ont l’air de nains difformes gesticulant sous la clarté d’argent du feuillage.
Le sommeil n’est pas toujours le bain tiède où on laisse la crasse de sa fatigue et de son souci. Il y a de mauvais sommeils qui fatiguent, encrassent la cervelle et le sang.
Ceux qui sont comme des gouffres où l’on tombe et d’où l’on est rejetée, éperdue, nageant dans sa sueur…
Une écrivaine.
Je crois avoir lu tous ses romans (et vous aucun !!!).
L’homme semence : à titre de curiosité
Le dernier feu : c’est le premier que j’ai lu, il m’a séduite. Il y a la musique d’une rivière et la renaissance d’un village. C’est peut-être mon préféré avec ce Sous le vent.
Les mains vides : l’errance tragique de 3 hommes sans travail (ce n’est pas le meilleur)
La tempête apaisée : un huit clos dans une ferme.
Les Reculas : quand les gens des Hautes-Alpes découvrent les vraies Alpes. Le récit d’un hiver en montage, avec beaucoup de sensualité.